Est-ce que ça vous est déjà arrivé de vous sentir seul au milieu du monde ? Moi oui très souvent. Je vous raconte.


Parfois je trouve très difficile d'être en compagnie d'autres personnes. Je suis envahie par la timidité. J'ai envie de disparaître. Très honnêtement dans ces moments là je n'ai pas la moindre idée de ce que je pourrais raconter à mes compagnons de route rencontrés au gré du chemin. Quand j'ai enfin une idée il est trop tard pour intervenir. Mon propos tomberait comme un cheveux sur la soupe. C'est une vraie source de frustration. Comme si j'étais dans l'incapacité de partager. La sensation que j'éprouve alors est assez proche de la paralysie. Je veux mais je ne peux pas. Ça a d'ailleurs été compliqué lors de mes deux semaines de cours de massage. Je n'avais aucune idée de comment être avec les autres, de la place que je pouvais occuper dans le groupe, embarrassée d'être moi-même. La plupart du temps je restais donc silencieuse dans une présence absente. Ce n'est pas l'envie de discuter qui me manquait, j'avais réellement envie de découvrir les autres étudiants. Peut-être avais-je peur qu'eux me découvrent...



J'envie ceux pour qui être en société semble si simple. J'observe dans la guesthouse où je suis actuellement ces filles qui quand elles s'assoient sur la terrasse ont presque immédiatement du monde autour d'elles, attirant naturellement l'intérêt et la sympathie des autres. Quelle facilité à interagir, à rebondir dès que quelqu'un leur adresse la parole. Je me sens tellement loin de ça.

Cependant, vous me connaissez, je suis capable d'une vraie logorrhée, de parler pendant des heures et des heures et des fois d'être un vrai boute-en-train. Oui mais... pas tous les jours, pas avec tout le monde. Avec un ami ok, dans un petit groupe de 3 ou 4 si je me sens en parfaite confiance ok, avec un pur étranger rencontré dans un café ok mais seulement s'il est seul et si le sujet est sérieux (no coment les filles je vous vois venir ^^).

Voilà le hic ! Pas de soucis pour philosopher par contre je n'ai absolument aucune idée de comment parler de la pluie et du beau temps. Je vous jure c'est un art ! Dans un groupe, avec des gens que je ne connais pas ? Si en plus ils ont l'air parfaitement à l'aise ?Oulala ne comptez plus sur moi. Je suis carpe. Pour entendre le son de ma voix il va falloir venir me parler et être patient parce qu'à ce moment là dans ma tête mille questions : "Je prends trop de place, je vais surement ennuyer tout le monde. Que va-t-on penser de moi ? J'ai rien à dire, mon Dieu qu'est-ce que je peux bien dire ??" Il y a bien-sûr des gens qui viennent me parler. Les guests sont des lieux de rencontres où l'on s'entretient avec ses colocs du jour des affres et les joies du voyage. Mais la discussion tourne vite court. Je sens la gêne qui s'installe. Ma gêne. Puis le silence. Silence bien commode pour maintenir une distance. Je veux, je ne peux pas.


Heureusement je vous rassure ce n'est pas comme ça tous les jours. Il y a les jours où je me fais violence, je fais le premier pas et j'essaie de ma petite voix de dire "Coucou ^^". Et il y a les jours où ça coule tout seul. Je suis sociable par vague. Vaguement sociable. Ce qui est certain qu'au bout du compte j'ai eu de belles discussions, de belles rencontres. Elles sont peut-être plus rares que pour beaucoup de voyageurs mais au combien précieuses à mes yeux. Je garde en mémoire beaucoup d'entre elles et m'en délectent encore. Ce que j'ai appris c'est simplement que je n'ai pas cette force chaque jour, surtout pas celle d'être en groupe et même que des fois je préfère être seule. Seule avec moi même, je me trouve de très bonne compagnie. Je suis une louve solitaire qui apprécie parfois la compagnie de ses congénères. Je suis de celles qui n'ont pas peur d'être seule, je suis de celles qui vivent intensément les moments partagés, je suis de celle qui ont besoin d'être rassurées sur la place qu'elle occupe dans la meute, je suis de celles qui ont besoin de reprendre des forces en partant vagabonder vers des contrées plus sauvages.



Je vous écris cet article non pas pour m'apitoyer sur mon triste sort ^^ mais parce que je sens que je commence à accepter de mieux en mieux cette part de moi, que la colère est moins forte. Et surtout parce que je sais que je ne suis pas seule à ressentir cela. C'est toujours réconfortant de ne pas se sentir seule. Peut être que l'un de vous ressent la même chose et se sent seul et en colère contre lui même. Si c'est ton cas, voilà ce que je te dirais de là où j'en suis : "Avant de t'obstiner à vouloir être bien avec les autres apprend à être bien en ta compagnie car c'est la première et la dernière relation que tu auras. Si tu ne sais pas encore t'aimer, commence par te tolérer. Je crois que pour ça voyager est l'un des meilleurs moyen d'apprendre. Un jour tu verras, tu pourras t'asseoir confortablement parmi les autres, un énigmatique sourire aux lèvres, là et tellement loin."


Je vous envoie plein d'amour,

Lily


P.S. : Ma Beauty tu va reconnaître derrière ces lignes nos conversations et nos heurts. Je te dit merci, t'observer être et te dire mes peurs m'ont énormément aidé à accepter cette part de moi.